Fintechs & Transition Énergetique
Ce projet de recherche porte sur le financement de la transition énergétique. Il s’inscrit au
carrefour
de plusieurs disciplines : l’économie (financière et environnementale), la gestion
(comptabilité) et le
droit (des marchés financiers). Il vise en particulier à analyser les comportements
des entreprises au
regard des risques climatiques sous l’angle spécifique des formes d’intermédiation
financière. Cela
revient à analyser comment s’opère le transfert de l’épargne abondante détenue par les
institutions
financières vers les sociétés non financières qui ont des projets d’investissement bas carbone.
Les
montants en jeu pour financer la transition énergétique sont tels qu’ils rendent en effet cruciale la
question de la réorientation des flux de financement, d’autant plus qu’ils se situent au-delà des
capacités de la majorité des acteurs financiers. L’objectif est d’éclairer les conditions de l’efficacité de
ces formes d’intermédiation et de leur cadre réglementaire permettant une amélioration de
l’allocation de l’épargne. Plus précisément, ce projet s’intéresse à une des formes privilégiées de la
régulation financière depuis plus de trente ans : la discipline de marché qui fonde le principe del’autorégulation. Il interroge en particulier son efficacité pour lutter contre le dérèglement
climatique.
- La discipline de marché vise à augmenter la transparence via des exigences en matière de
divulgations d’informations de la part des acteurs du système financier afin d’améliorer l’efficacité
de l’allocation des ressources. A travers la réduction des asymétries d’informations sur la situation
financière des firmes et la « confiance » qu'elle est supposée instituer entre eux, la discipline de
marché fonde le principe de l’autorégulation, Selon la théorie des marchés efficients, elle reflète
l'influence que les investisseurs et les autres parties prenantes peuvent avoir sur une entreprise en
prenant des décisions appropriées et bien informées quant à l'opportunité d'investir dans celle-ci et
elle garantit une bonne gouvernance car elle développe des incitations conformes à la conciliation
des intérêts entre les intermédiaires de la finance et les agents non financiers. Par ailleurs,
l’amélioration de cette communication peut être facilitée par des règles d’harmonisation liées à un
autre type de régulation, la normalisation comptable comme les normes comptables internationales
IFRS
Ce projet porte sur les pratiques en matière de divulgations d’informations des entreprises
financières et non financières au regard des risques environnementaux et climatiques. L’année 2024
va marquer un tournant dans la mesure où deux types de normes de durabilité vont entrer en
vigueur : les normes européennes dites ESRS seront d’application obligatoire alors que les normes
internationales dites IFRS Sustainability, restent volontaires même si elles sont recommandées par
de nombreuses instances de régulation financières internationales. Dès lors ce projet questionne cet
instrument de régulation par sa capacité à améliorer l'allocation des flux financiers à modifier le
comportement d'investissement des acteurs économiques pour soutenir des activités moins
intensives en carbone
Comme prolongement de ces premiers résultats, ce projet cherche à approfondir les recherches sur
la qualité des divulgations en confrontant le niveau de divulgation environnemental et climatique des
firmes à leurs pratiques réelles de placement et d’investissement. Une manière de le faire est
d’étudier le lien entre la transparence climatique des firmes et le niveau effectif de réduction de leur
niveau d’émission des gaz à effet de serre ou encore d’étudier l’évolution de l’opinion publique et des
investisseurs sur le reporting climat
-Les sciences numériques au service de l’amélioration de la transparence climatique
Dans ce contexte, les sciences du numérique peuvent nous fournir de nouvelles possibilités pour
tester ce lien et étudier cette évolution, de par un accès démultiplié et en temps réel à une grande
masse de données, et par l’émergence de modèles plus interactifs, plus flexibles et plus décentralisés.
Le numérique peut participer à l’amélioration de la transparence climatique pour les entreprises, les
investisseurs, les régulateurs et normalisateurs, tel un outil de monitoring ou de suivi des
divulgations d’informations climatiques des sociétés financières et non financières.
L’idée est de
suivre et vérifier et donc améliorer le niveau et la qualité de l’information extra financière. Cela
pourrait consister notamment à récolter des données à la fois quantitatives et qualitatives sur des
supports aussi divers que des rapports annuels, rapports de développement durable, sites internet
des sociétés, journaux, presse ou encore réseaux sociaux à l’échelle nationale, supranationale et
internationale, sur des questions aussi importantes/d’actualité que la mise en œuvre de la CSRD afin de voir comment les entreprises communiquent sur leurs pratiques, de construire des indicateurs de
risques climatiques, ou de indicateurs de légitimité climatique.
Plusieurs voies de recherches peuvent être envisagées :